En 1979, pour le film Alien, le 8e passager, H.R. Giger et Carlo Rambaldi créent un antagoniste qui hantera les spectateurs du monde entier : le Xénomorphe. Entre l’insecte et le reptile, cette créature cauchemardesque s’avère bestiale, sournoise, repoussante, mais sensuelle, aussi brutale que furtive. La sortie imminente d’Alien : Romulus de Fede Álvarez nous donne l’occasion de tirer le portrait de cette sale bestiole que l’on n’aimerait pas trouver sous notre évier…
Patrimoine gênes éthiques
Vous souvenez-vous de Métamorph ? Ce Pokémon ressemblant à un chewing-gum pouvait prendre l’apparence de n’importe lequel de ses congénères (oui, on a la culture qu’on mérite …) ? Et bien, le Xénomorphe, c’est un peu la même, mais version Massacre à la tronçonneuse ! En bon parasite, cette saleté s’approprie une partie des caractéristiques physique de son hôte. En conséquence le Xénomorphe est un des rares méchants du 7e Art dont l’apparence évolue tout au long de sa saga, on le verra notamment sous forme canine (ou bovine selon la version du film) se déplaçant à quatre pattes dans Alien 3 (1992).
Demon Incest
Avouons-le, il n’est pas nécessaire d’avoir l’esprit mal tourné pour reconnaître dans la créature de Giger un symbole phallique, l’artiste lui-même ne s’en cache pas. Sous sa forme embryonnaire (la plus repoussante pour beaucoup), l’Alien va pénétrer de force la trachée de sa victime pour l’inséminer et lui imposer une « grossesse » fatale. Ajouter à cela une jeune Sigourney Weaver en culotte (icônisée mais jamais sexualisée, notable pour l’époque) poursuivie par une créature malfaisante et il n’en faut pas plus pour voir dans le Xénomorphe une incarnation du viol, dans toute sa cruauté.
Cadavres (pas du tout) exquis
Une des marques de fabrique de la saga Alien, du moins pour ses premiers volets, est d’avoir été traitée par différents auteurs, souvent débutants. Ridley Scott donne le ton avec un huis-clos horrifique et anxiogène. James Cameron prend sa suite en 1986 avec Aliens, le retour, plus orienté action. En 1992, David Fincher accouche dans la souffrance (c’est le cas de le dire) d’un troisième volume, parasité par ses producteurs. Enfin, en 1997, c’est Jean-Pierre Jeunet qui prend le relais pour Alien, la résurrection avec un style déjà reconnaissable. La relative inexpérience de l’Uruguayen Fede Álvarez en matière de blockbuster reste donc cohérente avec l’esprit de cette franchise.
Pop Creature
Connu de tous, y compris de ceux qui n’ont jamais vu les films, le Xénomorphe s’est hissé au panthéon des antagonistes du cinéma aux côtés du Predator de McTiernan (non, les films Alien VS Predator n’existent pas !) ou du requin de Spielberg. Et si les deux derniers volets, pourtant réalisés par Ridley Scott, ont peiné à convaincre la critique, l’aura de la créature reste intacte. On souhaite à Álvarez de réussir à trouver un nouveau souffle pour cet univers, d’autant que les échecs récents d’Indiana Jones et de Mad Max au box-office ne sont guère encourageants pour les suites de sagas cultes.
AXEL KRIEF
Alien : Romulus, sortie le mercredi 14 août