Black Phone avait surpris en 2022 avec son duel glaçant entre Ethan Hawke, kidnappeur masqué, et un gamin débrouillard. Trois ans plus tard, la suite Black Phone 2 débarque. Bonne ou mauvaise surprise ? Ce qui nous intéresse, c’est la machine derrière ce film : Blumhouse.
La maison qui fait boo
Les coulisses d’Hollywood sont peuplées de visages méconnus mais d’empreintes immenses. Jason Blum en est l’exemple parfait : son nom échappe aux non-initiés, mais ses films hantent la mémoire collective. Insidious, American Nightmare, Get Out… tout est signé Blumhouse. Ancien commercial du studio Miramax, sourire éclatant et look californien, Blum fonde sa société en 2000 et frappe fort sept ans plus tard avec Paranormal Activity et ses suites. Sa méthode : un frisson low cost en visant les 5 millions de dollars de budget maximum par film (coquette somme pour le commun des mortels, anecdotique pour Hollywood).
Slasher budgétaire
Le calcul de Blumhouse Productions est simple : mieux vaut produire dix films à 5 millions en espérant qu’un seul dépasse les 100 millions que de miser 300 d’un coup en pariant qu’il en rapportera 500 (vous suivez ?). Leur credo : des scénarios simples et accrocheurs, une diffusion large, un marketing chirurgical et des cachets modestes compensés par l’intéressement. La méthode paie : le médiocre Five Nights at Freddy’s a rapporté 161 M $ rien qu’aux États-Unis. Et quand la critique s’en mêle, comme avec Get Out (255 M $ mondiaux pour 4,5 M $ de budget), le jackpot devient historique. Au total, les productions estampillées Blum flirtent désormais avec les 5 milliards cumulés.
Le pacte des sous
Jason Blum incarne le self-made man américain aux dents longues que l’Amérique affectionne, mais son vrai talent est de savoir s’entourer. Collaborateur régulier de James Wan (Insidious), il a révélé Jordan Peele (Get Out, Us) et Damien Chazelle, propulsé avec Whiplash, tout en relançant M. Night Shyamalan avec The Visit, Split et Glass. Côté distribution, Blumhouse justifie d’un partenariat solide (et très lucratif) avec Universal. Enfin, l’acteur Ethan Hawke, après Sinister, In a Valley of Violence, American Nightmare et Black Phone, présente sa cinquième collaboration avec la marque.
Ère éditez…
Parmi les spectres qui hantent Blumhouse, un nom revient : la Hammer. Fondée dans les années 30, la société britannique a régné dans les années 50-70 avec sa spécialisation dans l’épouvante. Son modèle ? Des budgets serrés (tiens donc…), une visée grand public (hmmm…) et des acteurs ou réalisateurs récurrents (ok, j’arrête). Jason Blum n’a rien inventé. Et le cycle continue : la société de James Wan, Atomic Monster, a bâti la franchise Conjuring, dont chaque épisode dépasse les 300 M $ mondiaux pour 20 M $ de budget, et vient de fusionner avec… Blumhouse. Cet été, Évanouis a confirmé la tendance : 38 M $ de budget pour déjà plus de 200 M $ récoltés. Comme le Dracula de Christopher Lee, l’horreur meurt souvent, mais revient toujours hanter nos salons.
AXEL KRIEF
Black Phone 2, sortie le 15 octobre
