Été 1975, Steven Spielberg sort Les Dents de la Mer ! Les yeux embués par cette féerie financière, la concurrence n’a qu’une obsession, reproduire la recette : gros budget, divertissant, projeté pendant les vacances et accompagné d’une lourde promotion. Le blockbuster est né. Mais ceux qui ont essayé de reproduire les petits plats de Maman savent que planter une recette « inratable » est tout à fait possible. Retour sur cinq échecs estivaux.
Sgt Pepper Lonely Heart Club Band (1978)
Dans le Hollywood des années 70, la margarita-cocaïne tient moins de la soirée festive que du café post-déjeuner. Auréolé des succès de La Fièvre du Samedi Soir et Grease (1978), le producteur Robert Stigwood mixe tout ce qui est à la mode pour réaliser LA comédie musicale de l’année : l’album des Beatles Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band de 1967, les Bee Gees au chant et absolument tout le monde (Alice Cooper, Aerosmith, Earth, Wind & Fire etc.) sauf les Beatles… Au final, un échec critique et financier et un public qui se demande ce qu’il vient de voir.
Howard The Duck (1986)
Après Star Wars et Indiana Jones, George Lucas nage dans sa piscine de billets. Mais l’homme a l’esprit tourné vers un personnage de comics : Howard, un canard humanoïde évoluant dans un univers SF, un antihéros créé par Steve Gerber pour critiquer la société américaine. Imaginez Casimir de L’Île aux Enfants déclamer les répliques de Sin City… Le mix entre design enfantin et humour adulte perd le public et instaure le malaise, le tampon « nanar » est vite apposé et Lucas retourne illico bosser sur La Dernière Croisade.
L’Île aux Pirates (1995)
Il y a pléthore de flops titanesques, mais rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir fait couler leur studio… C’est l’exploit de L’Île aux Pirates. Huit ans avant Pirates des Caraïbes, le producteur Mario Kassar veut relancer le film de pirates. Il fait appel au réalisateur Renny Harlin (Die Hard 2) et à sa compagne Geena Davis pour le premier rôle. Le budget explose, le tournage est mortifère, Michael Douglas quitte le projet et Geena est tétanisée par la pression. Les pertes sont monumentales, le studio Carolco Pictures coule et le mot « pirate » est banni d’Hollywood pendant 10 ans.
Wild Wild West (1999)
Fermez les yeux, nous sommes en 1997, vous êtes Will Smith, une des stars les plus bankable du moment. Deux frangins inconnus vous proposent un film où des gens en latex se branchent une prise péritel sur la nuque entre deux combats de kung-fu. Vous refusez pour accepter Wild Wild West, une adaptation des Mystères de l’Ouest avec un budget monstre. Résultat des courses : un box-office décevant, des critiques assassines, un humour et des effets spéciaux qui ont très TRÈS mal vieillis. Le même été, Keanu Reeves remporte la mise et révolutionne le cinéma avec Matrix (que vous avez donc refusé).
Lone Ranger (2013)
Pré-2010, Disney proposait encore autre chose que Marvel, Star Wars ou des remakes de ses classiques… jusqu’à l’échec de John Carter (2012) puis de Lone Ranger avec Johnny Depp l’été suivant. L’idée ? (Encore) relancer un personnage de série et poser les bases d’une autre franchise d’aventure. Bilan des courses : budget astronomique, accidents, tensions avec le réalisateur Verbinski (Pirates des Caraïbes) sur le ton du film, un public incrédule et une perte estimée à plus de 100 millions de dollars… Le PDG Bob Iger sonne donc la fin de la récré et lance une stratégie de risque minimum.
AXEL KRIEF
