Si vous êtes fan de Stephen King, vous savez que le seul de ses écrits qu’il restera bientôt à adapter à l’écran, c’est sa liste de courses ! La sortie imminente du film The Monkey, d’après l’une de ses nouvelles, n’aurait donc en principe rien d’excitant s’il n’était réalisé par Oz Perkins, étoile montante de l’Elevated horror. Mais au fait, c’est quoi l’Elevated horror ?
Medal of horror
S’il fallait définir l’Elevated horror ou Art horror, on parlerait d’un type de production horrifique d’auteurs exploitant des thèmes matures (la mort, la famille, l’identité…), avec une approche esthétique sortant des sentiers battus, une attention particulière apportée à l’ambiance, un rythme souvent assez contemplatif et une large part accordée à la libre interprétation du spectateur. Parmi les cinéastes les plus appréciés du genre on citera Ari Aster (Hérédité, Midsommar), Jordan Peele (Get Out, Us) ou Julia Ducournau (Grave, Titane).
L’horreur est humaine
L’Elevated horror ne date pas d’hier. Si ce terme est devenu populaire dans les festivals de cinéma ou la presse spécialisée au début des années 2010, le phénomène qu’il décrit est beaucoup plus ancien. La paranoïa suicidaire du Locataire (1976) de Roman Polanski ? Elevated horror ! L’école de danse fantomatique de Suspiria (1977) par Dario Argento ? Elevated horror ! Le dédoublement de personnalité d’Isabelle Adjani dans Possession (1981) d’Andrzej Żuławski ? Elevated horror ! Christian Clavier dans Qu’est-ce qu’on a tous fait au Bon Dieu ? (2022)… Euh, non, mais la naissance de ce sous-genre se confond avec celle du cinéma d’épouvante.
Le bruit et l’horreur
Quand la « recette » d’un genre devient connue, elle en devient immédiatement falsifiable. Vous êtes un jeune cinéaste en mal de notoriété ? Piochez un concept philosophique dans le chapeau, déclinez-le dans un métrage d’épouvante trop long et trop lent où il ne se passe rien, placez ici et là quelques bizarreries stylistiques un peu pompeuses et concluez avec une fin décousue laissant entendre à votre spectateur que s’il n’a rien compris, c’est probablement sa faute (bien pratique). Voilà. Quelques festivals plus tard, vous êtes désormais un réalisateur d’Elevated horror.
Horreur 404
Lorsqu’on commence à décerner le tampon « œuvre sophistiquée » à certains films, cela sous-entend que les autres ne le sont pas. L’Elevated horror deviendrait donc un laissezpasser pour ceux qui ont lu Proust et regardent les films de Kurosawa en VO non sous-titrée. Venez donc, ici nous sommes entre gens de culture. Exit donc la violence gratuite, le mauvais goût et l’humour acide des Brain Dead, Chucky et autres Terrifier. Cette attitude a un nom, le snobisme intellectuel.
AXEL KRIEF
The Monkey d’Oz Perkins, sortie le 19 février