#jazz
10 à 28 euros
Immanuel Wilkins Quartet à Jazz en phase : Harlem désir
À 27 ans, l’Afro-Américain originaire de Philadelphie, Immanuel Wilkins, star montante du jazz américain, présente son troisième album. Après avoir étudié à la célèbre Juilliard School, le saxophoniste sort son premier projet Omega (2020), classé par le New York Times comme le meilleur album de jazz de l’année. En 2024, Wilkins dévoile ce troisième disque, Blues Blood, titre inspiré d’une citation de Daniel Hamm (un des membres du « Harlem Six », groupe accusé à tort d’un meurtre en 1964 et violemment battu avant leur procès). Vivement influencé par Theaster Gates et les Black Monks, le musicien invite pour la première fois des voix sur ses morceaux (June McDoom, Cécile McLorin Salvant…). Afterlife Residence Time, titre phare de l’album, s’inspire de la mémoire générationnelle et des écrits de Christina Sharpe sur la traite transatlantique des esclaves, de la durée de vie du sodium dans l’eau (260 millions d’années) et de la grande quantité de ce minéral dans notre sang. Ainsi, il réalise un parallèle avec ses ancêtres et pense qu’ils continuent d’exister dans l’eau : le jeune artiste compare l’Atlantique à une « maison de la mémoire et de tous nos ancêtres».
ALINE LEMAIRE
Jazz en Phase à La Cité des Congrès (Nantes – 44)
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#théâtre
10 à 21 euros
Grégory de By Collectif : Une famille en or
En 1984, Grégory Villemin est noyé, sacrifié à la haine que voue le meurtrier à son père. Très vite, le cousin de Jean-Marie Villemin, Bernard Laroche, est inculpé, puis relâché. Le père se rend alors chez lui et l’assassine d’un coup de fusil. Le principal suspect est mort, l’enquête patine, et l’affaire du « petit Grégory », alors extrêmement médiatisée, laisse les journalistes sur leur faim. C’est dans ce contexte de fait divers qui s’essouffle que By Collectif place sa pièce Grégory en 1985, pendant que la rédaction de Libération tente de décider si une tribune inculpant la mère de l’enfant doit être publiée. La pièce interroge les limites de l’intimité et questionne la frontière entre fiction et information, alors qu’en juin, l’affaire connaissait un nouveau rebondissement avec l’inculpation de la grand-tante de Grégory.
JULIETTE GUCHET
Piano’cktail (Bouguenais – 44)
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#punkrock #indie #mathrock
8 à 18 euros
The Ex : Copains d’avant
The Ex est une légende, mais il ne faut pas leur dire ! En 45 ans d’existence, le groupe mythique néerlandais garde son humilité et l’esprit DIY de ses débuts dans le mouvement squatteur d’Amsterdam. Depuis 1979, The Ex a changé de chanteur, sorti une vingtaine d’albums (dont Starters Alternators produit par Steve Albini en 1998), monté son propre label et même un big band (The Ex Orkest), modifié dix fois son line-up, collaboré avec de nombreux·euses artistes (Getatchew Mekurya, les Têtes Raides, Sonic Youth…), et multiplié les tournées aux quatre coins du monde. Explorant le free jazz, la noise ou les musiques traditionnelles africaines (éthiopiennes, érythréennes), le groupe a toujours fait de ses concerts un terrain d’expérimentation collective… mais n’a jamais perdu son ADN anarcho-punk.
LOUISE PLESSIER
La Barakason (Rezé – 44) avec Binidu
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#chant #musiquedumonde
15 à 22 euros
Dafné Kritharas : Déesse stranding
Si Dafné Kritharas ne se destinait d’abord pas à la musique, son besoin viscéral de chanter et son héritage familial l’ont finalement poussée vers une carrière musicale. L’artiste franco-grecque chante des contes mystérieux, traditionnels ou inventés, sur des univers musicaux où se rencontrent l’Europe de l’Ouest et le Moyen-Orient, arrosés des larmes de la mer Égée. Accompagnée de ses musiciens iraniens, arméniens, kurdes, grecs, azéris, albanais et français, Dafné Kritharas pose son chant prophétique et théra peutique sur des mélodies jazz ou folk, parfois électro.
LOUISE PLESSIER
L’Embarcadère (Saint-Sébastien-sur-Loire – 44)
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#théâtre
12 euros
1336 (parole de Fralibis) : Tea parti
1336, voilà le nombre de jours de lutte des fabricants du thé Éléphant. Ce David contre Goliath des temps modernes commence en 2010, quand Unilever, leur maison mère, décide de délocaliser la production – située à quelques kilomètres de Marseille – en Pologne. Trois ans de bataille acharnée s’engagent pour garder les 182 emplois et l’usine. 1336 jours plus tard, un accord est enfin trouvé : Unilever ne cède pas la marque mais laisse les machines pour 1 euro symbolique et finance en partie leur SCOP (Société coopérative ouvrière et participative). La Scop-Ti voit le jour ainsi que la création de leur marque de thé nommée 1336, en hommage à leur lutte. Dans un seul-en-scène, Philippe Durand livre les témoignages de ces travailleur·euses avec sobriété, mettant en avant leur courage, leurs doutes, mais avant tout leur solidarité à toute épreuve.
ALINE LEMAIRE
Scopéli (Rezé – 44)
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#danse
9 à 25 euros
En Fanfaaare! de Tatiana Julien : Morning glory
Quatre heures du matin, la soirée de l’autre côté du mur vous extirpe des bras de Morphée. Non, il n’est que 20 heures et En Fanfaaare ! souhaite vous réveiller – ou plutôt votre quartier, voire votre ville, voire le monde. Tatiana Julien, performeuse et chorégraphe, met en scène dix chanteur·ses et danseur·ses dans ce ramdam aux costumes colorés. Ce spectacle de danse, engagé et révolté, en collaboration avec le public, prend un tout autre tournant lorsque La Flûte enchantée retentit. Une version de l’opéra de Mozart unique, qui tend à recréer les liens perdus dans un monde qui s’essouffle. N’appelez pas la police et courez sur scène !
ALINE LEMAIRE
Le Lieu Unique (Nantes – 44)
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#chanson
30 à 32 euros
Mathieu Boogaerts : Le sucre du Printemps
Comme la saveur d’un bonbon peut en cacher une autre, les chansons de Mathieu Boogaerts se découvrent peu à peu. Après trente ans de carrière, l’ex-compagnon de groupe de Matthieu Chedid revient avec Grand piano, un neuvième album bigarré et acidulé. Contrairement à son titre et à sa réputation de minimaliste, il est orchestré de main de maître. Textes astucieux et au cordeau évoquant la peur du temps (Bancal, Ma jeunesse) comme la soif d’espace (Dans une case, Vallée), mélodies sophistiquées, ruptures d’accords inattendues : la fausse naïveté de ce 12 titres laisse aux oreilles un sacré goût de reviens-y.
LOUIS CHAUVIN
La Bouche d’Air (Nantes – 44)
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#rap #slacker
25 à 27 euros
H Jeune Crack : Very bed trip
Rappeur autodidacte, H JeuneCrack commence par composer ses propres instrus pour pouvoir rapper dessus. Fidèle à ses débuts, il s’enregistre encore dans sa chambre, avec logiciels piratés et rouleaux de papier toilette en guise de pied de micro. Ses textes authentiques mêlent sociales, relations revendications politiques comme l’anti capitalisme, et un égotrip teinté d’autodérision qui lui valent une image d’artiste humble, loin des strass et des paillettes. Amateur de sampling, il transforme des musiques oubliées en prods fraîches et percutantes, renforçant son identité singulière dans le rap français.
ELIAS ADELINEE-ESHUIS
Stereolux (Nantes – 44)
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#postpunk #rockgarage
22 à 24 euros
The Pill au Festival Ici Ithaque : Indé boulonable
Le jeune festival Ici Ithaque revient à Nantes. Comme l’an passé, il conserve sa formule itinérante sur trois jours (Stereolux, Lune Froide, Ferrailleur), avec le désir de célébrer une scène rock indépendante et émergente. Notre préférence va à The Pill, duo punk DIY survitaminé mené par Lily et Lottie, depuis l’île de Wight. Voix capiteuses, humour sarcastique et riffs frénétiques : les deux musiciennes comptent déjà quelques perles au sein de leur balbutiante discographie, telles que Money Mullet ou Bale of Hay. À la même affiche, les très « spatiaux » Rouennais de MNNQNS ainsi que les Marseillais de La Flemme, au blase tout à fait trompeur.
LIONEL DELAMOTTE
Le Ferrailleur (Nantes – 44) avec Crows et La Flemme.
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#jazz #poppsychédélique
12 à 24 euros
Thomas de Pourquery : Sax education
Thomas de Pourquery se passionne pour l’astronomie et ça tombe bien, car on le qualifierait volontiers de rayon de soleil dans l’horizon musical contemporain. Saxophoniste de forma tion, il aura infiltré le milieu du jazz pour en casser tous les co des avant de rejoindre un collectif punk, de monter son festival, son groupe, son projet solo, puis de collaborer avec Metronomy, Oxmo Puccino, Jeanne Added… La lecture de cette phrase vous a épuisé ? C’est normal : les aspirations et talents de Thomas de Pourquery n’ont pas de limites ! Avec la sortie de son dernier album en nom propre, Let the Monster Fall, le chanteur-musicien plonge à corps perdu dans une pop groovy et lumineuse.
LOUISE PLESSIER
La Balise (Saint-Hilaire-de-Riez – 85)
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#postpunk #glitch #rockmélancolique
15 à 24 euros
Rendez-Vous au Festival Ici Ithaque : How I met your misère
Après la sortie de son premier album – l’excellent Superior State bourré de synthés et d’hymnes cold – en 2018, Rendez-Vous s’est octroyé une pause de six ans avant de re-donner à manger à ses adeptes. En mai 2024, les Parisiens reviennent avec Downcast, après avoir assumé l’abandon de la cold wave au profit d’une mutation plus shoegaze à la Smashing Pumpkins. Rassurez-vous : si vous écoutiez Rendez-Vous pour entretenir votre seum, ce troc des chants d’outre-tombe contre des guitares acariâtres fera tout aussi bien le travail.
LOUISE PLESSIER
Stereolux (Nantes – 44) avec NastyJoe, The Empty Threats et Pales.
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#spectacle #bande-dessinée
8 à 10 euros
La Forêt Millénaire par la compagnie Waï Waï : Hêtre ou ne pas être
Le mangaka Jirô Taniguchi est un habitué des fables écologiques. Son dernier ouvrage, La Forêt millénaire, ne fait pas exception à la règle. Si l’auteur japonais avait prévu plusieurs tomes, il s’éteint pendant la création du premier en 2017. C’est donc une histoire inachevée, éditée en couleur peu après sa mort, qui parvient au lecteur, le laissant à la frustration d’imaginer la suite des aventures de Wataru, 10 ans. Arraché de son Tokyo natal et fraîchement arrivé à la campagne, le personnage est mis au défi par des camarades d’escalader un arbre millénaire et découvre alors qu’il peut communiquer avec la forêt… La compagnie Waï Waï, accompagnée de quatre techniciens, s’applique à mettre en musique et en action ce récit. Leurs mélodies soulignent et subliment la beauté des paysages, ainsi que les scènes d’action, à la manière des films muets des débuts du cinéma.
JULIETTE GUCHET
Le Théâtre (Saint-Nazaire – 44)
Plus d’informations
#concert #cinéma
6 à 12 euros
Ciné-concert Buster Keaton : Arrête muet si tu peux
Buster Keaton commence dès l’âge de trois ans sur scène avec ses parents lors de music-halls. Utilisé comme un objet par son père, celui qu’on surnomme « l’homme qui ne rit jamais » est lancé comme un projectile à travers les décors ou les spectateurs avec un maître-mot : rester de marbre. Sa carrière cinématographique explose entre 1920 et 1928 avec une trentaine de métrages comprenant des œuvres incontournables du cinéma muet américain, comme Le Mécano de la General. Son contrat avec le géant de l’industrie MGM lui ôte toute liberté créatrice, et l’alcool puis les divorces le mènent à sa perte. L’acteur, auteur et metteur en scène reçoit tout de même un Oscar pour l’ensemble de sa carrière en 1959. Sous la direction de Jean Deroyer, l’orchestre de l’ONPL reprend ses films phares (La Guigne de Malec, Malec l’insaisissable et La Maison démontable) dans un ciné-concert.
ALINE LEMAIRE
Le Lieu Unique (Nantes – 44),
samedi 18 octobre (18:00) et dimanche 19 octobre (15:00 et 18:00)
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#danse #musique
12 à 28 euros
Profanations : Cadavre exclu
Célébrer la vie dans un temps de guerre car « demain, on ne sait pas », c’est la volonté de Faustin Linyekula, chorégraphe et danseur congolais, qui s’associe au compositeur et cinéaste Franck Moka. En RDC, la guerre fait encore des ravages : le pays s’oppose au Rwanda à cause des offensives de milices armées dans le nord. Afin de contrer cette souffrance, l’artiste présente Profanations, une pièce musicale et chorégraphique avec le solo de danse d’une femme — peut-être un dernier mouvement dans ce chaos. Au rythme des synthés, guitares, batteries et percussions, des voix les accompagnent pour faire face à la violence sociale et politique.
ALINE LEMAIRE
Théâtre Graslin (Nantes – 44)
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#théâtre
5 à 14 euros
Larzac ! de Philippe Durand : J’ai demandé à la lutte
Deuxième spectacle de Philippe Durand ce mois-ci après 1336 (parole de Fralibs) (voir page 49), Larzac ! aborde lui aussi, par le prisme des mots, un sujet politique et profondément humain. Le causse du Larzac ne symbolise pas seulement le combat contre l’expansion du camp militaire de 1971 à 1981, mais abrite surtout la Société Civile des Terres du Larzac. Cédé par l’État par le biais d’un bail emphytéotique (durée et privilèges élargis pour le locataire), la SCTL et son conseil de gérance administrent les exploitations et la gestion des plus de 3 000 hectares depuis 30 ans. Cette « gestion collective », unique en France, lutte contre la désertification rurale et favorise l’entraide entre agriculteurs. Durant deux ans, Philippe Durand a collecté les paroles de ses habitants et les transmet dans Larzac ! au moyen d’une mise en scène simple au service de ce documentaire scénique.
JULIETTE GUCHET
Parc et manoir de la Garenne (Nort-sur-Erdre – 44)
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