Que faire à Nantes (et autour) la semaine et le week-end du 8 au 14 mai 2023 ?

Prima della rivoluzione de Bernardo Bertolucci : Seul sur Marx

« Celui qui n’a pas vécu les années d’avant la révolution ne peut comprendre ce qu’est la douceur de vivre ». C’est par cette épigraphe de Talleyrand que le récit de Bertolucci nous plonge dans le chemin de croix de Fabrizio, jeune marxiste tiraillé entre ses aspirations idéalistes et son éducation bourgeoise, et déterminé à rompre les relations avec sa propre classe. Précurseur des mouvements sociaux de 1968, ce deuxième film incarne les contradictions du cinéma italien d’après-guerre, opprimé par un héritage culturel lourd mais appelé à raconter l’authenticité humaine et sociale de sa modernisation naissante. Empreint de nostalgie, Prima Della Rivoluzione esquisse l’œuvre de Bertolucci et est indispensable à la compréhension de celui qui est devenu l’un des meilleurs cinéastes de son temps.
HARMONY GUEUR
Le Cinématographe (Nantes – 44)

Ron Gallo : Toys don’t cry

Haut perché, tout en boucles rousses et pochettes pop acidulées, Ron Gallo déjoue les apparences du rock garage. Ancien leader du groupe américain Toy Soldiers, l’artiste originaire de Philadelphie a depuis sorti une demi-douzaine d’albums solo au phrasé tranchant. Désormais basé à Nashville, le musicien s’amuse à développer son univers musical et visuel, empruntant autant au punk rock qu’au psychédélisme. Paru en 2020, l’album Peacemeal marque cette évolution stylistique où s’affirment des influences 90’s, r’n’b et hip-hop. Dernier opus en date, Foreground music témoigne d’une musique électrisante aux tendances art rock où les guitares incisives côtoient les ballades instrumentales. Jusqu’à contenir un interlude slamé, Life is a privilege?, un tantinet impertinent. Ron Gallo ne manque pas de piquant !
PAULINE GUILLET
Stereolux (Nantes – 44) avec Dynamite Shakers
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Par la mer (Quitte à être noyées) d’Anaïs Allais : Houle sentimentale

Par le biais d’une auto-fiction au titre évocateur, Anaïs Allais, artiste associée au Grand T, aborde principalement les thèmes de l’exil et de la liberté. Dans sa nouvelle création, le souvenir est au cœur du récit de trois femmes, trois corps à la croisée des chemins, qui luttent chacune à leur manière pour leur émancipation, tout en faisant le deuil de leur pays. Fortement inspirée de son histoire familiale, l’auteure-metteuse en scène, dont la mère a elle aussi dû quitter l’Algérie, plonge le spectateur dans un océan de sororité. Cette pièce pleine de courage se déploie sous forme de conte qui encourage la reconstruction.
SHIRLEY EVANS
TU (Nantes – 44)
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https://www.theatre-contemporain.net/video/Anais-Allais-Au-milieu-de-l-hiver-j-ai-decouvert-le-projet

Ces Filles-là : Échec et meute

L’histoire se déroule dans un lycée, où vingt filles d’une même classe reçoivent sur leur téléphone une photo de leur camarade Scarlett, complètement nue. L’ensemble des élèves fait alors subir à la protagoniste de la pièce une série d’humiliations et d’insultes. Cinq comédiennes de La Collective Ces Filles-Là incarnent cette bande dans un spectacle participatif inédit dénonçant le cyberharcèlement. Ce récit décrit les comportements des bourreaux et la construction d’une rumeur autour d’une victime. L’auteur Evan Placey révèle nos silences complices face à ces actes, surtout à un âge où le désir de plaire et le besoin de trouver sa place demeurent compliqués et où les réseaux sociaux sont rois.
ESTEBAN SANCHEZ
Athanor (Guérande – 44), mardi 9 mai (20:30)
Complexe sportif H. Martin (La Chevrolière – 44) mercredi 10 mai (20:00)
Complexe sportif Edouard Landrin (Ligné – 44) jeudi 11 mai (20:30)
Salle Omnisport (Saffré – 44) vendredi 12 mais (20:30)
Gymnase (Rouans – 44) samedi 13 mai (20:30)
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Camille Chamoux : Tic tic tic tic et tac…

Dans un monde où tout se chronomètre à la seconde près, Camille Chamoux veut prendre son temps. D’abord pour que la « vraie vie » reprenne ses droits, puis pour que la routine ne devienne qu’un lointain souvenir. Avec ses grands gestes et sa diction énergique, la comédienne étaye ses propos en citant Marcel Proust, Léo Ferré ou encore Virginie Despentes dans une pièce qui sonne comme une ode à la vie, loin du tic-tac de l’aiguille et des gens réglés comme une horloge. Oubliez votre peur d’être constamment débordé ou en retard, prenez une grande inspiration et posez-vous 70 minutes devant ce one-woman- show « anti-temps » incisif et sublimé par la mise en scène de Vincent Dedienne.
JULES GAUTIER.
L’Odyssée (Orvault – 44)
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Sorry to Bother You de Boots Riley : Le seigneur des Allô

« Au cinéma, plus vous êtes personnel, plus vous êtes universel », un mantra célèbre chez les cinéastes que partage Boots Riley. Le rappeur a signé en 2018 un premier film engagé conçu comme une satire mordante du capitalisme et des bullshit jobs. Sorry to Bother You narre la carrière fulgurante d’un démarcheur téléphonique incarné par Lakeith Stanfield (Atlanta), toujours impeccable pour jouer les paumés dépressifs. Volontiers drôle et surréaliste, le film surprend dans sa critique du racisme larvé de la société américaine où un employé noir parvient à gravir les échelons de son entreprise uniquement grâce à sa « voix de blanc » intérieure. Peu enclin au cynisme, Boots Riley préfère l’optimisme et glorifie la lutte syndicale dans son film. Une approche rafraîchissante qui dénote dans le cinéma américain actuel.
NICOLAS BAUDRILLER
Le Cinématographe (Nantes – 44)
avec le Festival des 3 Continents et Mémoire d’Outre mer

Soirée américaine avec Lucas Debargue et le Big Band de l’armée de l’Air : Top gaine

Pour cette « soirée américaine », trois musiciens classiques américains sont honorés : Gershwin, Bernstein et Wynton Marsalis. Mené par le piano de Lucas Debargue, le concert mêlera sonorités jazz et classique avec la la collaboration de l’orchestre national des Pays de la Loire dirigé par Sacha Goetzel et le Big band de l’armée de l’air. Le pianiste joue l’ouverture de Candide de Bernstein, avant d’enchaîner avec la Rhapsody in Blue de Gershwin, pour conclure avec l’œuvre du trompettiste Wynton Marsalis, afin d’enchanter une nuit nantaise pleine de volupté. Ne serait-ce pas ça, le rêve américain ?
HUGO MEYNIEL
La Cité des Congrès (Nantes – 44)
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Radio live – La relève d’Aurélie Charon et Amélie Bonnin : Basic FIP

Dans ce format un peu particulier de spectacle/discussion, Aurélie Chapon et Amélie Bonnin discutent avec des personnes des quatre coins du monde afin de revenir sur leurs parcours de vie et leurs engagements dans la vie associative ou politique. Des images filmées par Mila Turajlic dans les pays d’origine des intervenants accompagnent les propos tandis qu’une musicienne découpe la discussion en plusieurs phases. Ils sont peintres, danseurs, scénaristes ou acteurs et possèdent tous des convictions profondes sur le monde. Ce projet radiophonique, diffusé initialement sur France Inter et France Culture, a muté en une forme scénique. Le format permet de mettre des images sur les mots de ces gens qui n’hésitent pas à se livrer sur des aspects personnels de leur vie.
JULES GAUTIER
L’Auditorium (Rezé – 44)

Ausgang : La jungle de Casey

Elle apparaît toujours là où on ne l’attend pas. Après le succès de ses deux albums solo, la rappeuse Casey a pris un tournant rock en 2010 en devenant membre de Zone Libre, groupe créé avec Serge Teyssot-Gay, cofondateur de Noir Désir. Après dix ans d’absence, elle revient avec Ausgang, un autre collectif mélangeant rock et rap. Le groupe affiche distinctement ses idées libertaires, des paroles jusqu’au logo du groupe qui est une référence claire à celui arboré par les anarchistes. Sur un fond de rock, la MC parisienne découpe la prod avec l’aisance qu’on lui connaît, rappelant à tout le monde le rôle majeur qu’elle a pu avoir au milieu des années 2000 dans le rap français. Accompagnée par Marc Sens, Manusound et Sonny Troupé, leur dernier album Gangrène sorti en 2020 transpire la rage, la mélancolie et par-dessus tout la volonté de rester authentique.
JULES GAUTIER
Décadanse (Nantes – 44)
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Dominique A : Chansons sous la pluie

On ne compte plus le nombre d’albums de Dominique A… Enfin si on s’y emploie il faut s’appeler Shiva et avoir beaucoup, beaucoup de doigts. Considéré comme l’un des fondateurs de la « nouvelle scène française », l’artiste influence et casse les codes de la chanson à texte depuis plus de 30 ans. Pour son dernier et quinzième album, Le monde réel, l’écrivain/auteur/compositeur – fierté nationale de notre beau village de Trentemoult – interprète de nouveaux titres, toujours aussi poignants et poétiques, mais avouons-le, un peu ronronnants sur la longueur. Il y évoque ses thèmes de prédilection : la nature, l’enfance, la vie, les sentiments… Tel un conteur, il déploie son univers sensible au travers d’histoires qu’il nous livre de sa voix mélancolique, tels des secrets murmurés qui s’évanouissent dans l’obscurité de la nuit.
SHIRLEY EVANS
Le Champilambart (Vallet – 44)
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Le Rencard du Boulevard : Rendez-vous en terrain connu

Le 49.3 vous file les boules, les glandes et les crottes de nez qui pendent ? Pour éponger toute cette colère, le rendez-vous est déjà pris pour la deuxième édition des Rencards du Boulevard. On lâche la féministe-hystérique plus ou moins enfouie en nous devant les Vulves Assassines et leur rap- punk saccageur, on déchaîne sa rage intérieure sur l’électro-punk de Lady Einstein, on rocke et on rolle sur les mantras stoner psychés de OHM. Les interludes de cabaret burlesques du Gang des Petits Trous ponctuent la soirée que Lulu la Nantaise clôture par un DJ Set.
LOUISE PLESSIER
Docks de Chantenay (Nantes – 44)

Ascendant Vierge : Madone est servie

En plein covid-19 à Bruxelles, les français Paul Seul et Mathilde Fernandez ont l’idée brillante de monter un duo techno-lyrique ultra festif qu’ils nomment Ascendant Vierge en référence à l’élément commun de leurs thèmes astraux. L’un est tombé dans la marmite gabber en 2011, l’autre jadis imitatrice du dimanche s’intéressa ensuite au chant lyrique avant de monter des projets musicaux solo. Leur point commun ? Un attrait très prononcé pour l’esthétique visuelle et musicale des années 90, une décennie très en vogue que Paul vivra en entier quand Mathilde n’en connaîtra que la fin. Prenant soin d’éviter l’écueil du mauvais goût majoritaire dans le genre, Ascendant Vierge s’assume millenial par essence et se fait l’interprète des espoirs et déceptions de sa génération harcelée par les réseaux sociaux et le réchauffement climatique.
LOUISE PLESSIER
VIP (Saint-Nazaire – 44) avec Voiron
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Saintes : Rock en Cène

Derrière Saintes, Anne-Sophie Le Creurer exerce en solo, dans la débrouille, depuis une bonne dizaine d’années. Après deux premiers albums enregistrés par ses propres moyens, sortis sur cassettes et des dizaines de dates (en festival et sur les scènes alternatives de toute la France), l’artiste synth-pop signe sur la maison de disques féministe Cartelle pour la sortie de Champs Sémantiques. Le disque sera son premier à sortir en support physique 33 tours. En dix titres, Anne-Sophie chante en français ses espoirs, joue sur son synthé ses chagrins et rend hommage à ses premiers amours yéyés, enrichis d’influences eighties aussi chères à son cœur.
LOUISE PLESSIER
Lune Froide (Nantes – 44)

C’est mon jour d’indépendance : L’Odyssée de l’hospice

Adapté du roman de Stéphanie Marchais, C’est mon jour d’indépendance évoque la vie chaotique d’Angèle, aide-soignante, alternant entre Thérèse, sa mère possessive, son fils autiste Chut et les soins aux personnes âgées. Un après-midi sur une plage, excédée, elle décide de se libérer de sa détresse psychologique en compagnie de Mme Fraichie, une de ses patientes en fin de vie, à qui elle se confie. Dans un décor très sobre constitué d’un mannequin, d’un transat et d’une musique mélancolique, la comédienne évoque plusieurs sujets comme la mort, l’euthanasie et le monde qui l’entoure, le tout oscillant entre moments comiques et dramatiques.
ESTEBAN SANCHEZ
Théâtre La Ruche (Nantes – 44)
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Powersolo : Volts au-dessus d’un nid de coucou

Il est toujours réjouissant de retrouver les danois de Powersolo. Un quart de siècle que leur country/ rock’n’roll primitive et groovy trace vigoureusement son sillon. Les frères Railthin, alias Kim « Kix » Jeppesen et Bo « The Atomic Child » Jeppesen n’ont pas leur pareil pour vous mener dans une Twillight zone où, merveille !, The Cramps ou leur maître (fou, aurait dit Jean Rouch) Asil Adkins seraient toujours en activité. Une dimension où, sans rouge au front, ils se tiennent aux côtés de Bo Diddley, The Legendary Stardust Cowboy et Kim Fowley ! Entre autres agités de la cafetière. S’il vous fallait, toutefois, disposer d’un prétexte supplémentaire pour aller les applaudir, on mettra en avant le fait de pouvoir entendre en direct If I could fly, le single furibard qu’ils ont édité, fin mars, en compagnie des camarades The Courettes !
LIONEL DELAMOTTE
AK Shelter (Saint-Herblain – 44)

Roman Frayssinet : Tête à clique

L’humoriste présente cette année Ô dedans, le premier volet d’un triptyque de spectacles. Comme à son habitude, Roman Frayssinet se dévoile, entre observations décalées sur son intimité et réflexions profondes sur la vie en général. Vous l’avez sûrement aperçu dans l’émission Clique sur Canal+ avec des chroniques aussi délirantes que bien senties, comme ce fameux sketch autour d’une pièce de collection de deux euros, mais qui vaut plus que deux euros. Pour ce spectacle qui vaut son pesant d’or, soyez certains que vous en aurez pour votre argent.
HUGO MEYNIEL
La Cité des Congrès (Nantes – 44)
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